Ça va cartonner ! [Ellen & Misha]

« Liam n'est pas mauvais, Liam est fou. Liam n'est pas méchant, Liam est seul.
Seul, seul, tout seul. Ils ne peuvent pas te voir dans le noir... tu es à l'abri. Chuut, ne lui tord pas le cou... »

Un cri déchirant résonne dans l'entrepôt où je suis tapie depuis plusieurs jours.
Je me rends compte que l'écho qui rebondie dans toute l'immensité de la pièce est celui de ma propre voix quand la même voix reprend.

« Chuut ! Ils te trouveront. Te feront du mal, ils l'ont déjà fait. Ils peuvent le faire encore. »

- Ta gueule ! je hurle à la mort.

Je reçois pour réponse un bref instant de lucidité. Une torture que m'inflige la folie.
La faible luminosité du soleil s'en va, déclinante, percer les vitres abimées par le temps et la colère des autres.
J'aperçois alors que mes vêtements sont déchirés, à l'image de ma santé mentale. Fissurée.
Je suis allongé sur un pauvre carton, trempé par l'humidité. Je me redresse et une vieille vitre de plexiglas me renvoie le reflet de mon visage.

- Tu changeras pas Liam, me dit ma bouche menteuse.

Je hoche frénétiquement la tête. Ce serpent ment, il ment.

- Tu les tueras tous.

Je ne veux pas faire ça. Je crois... que je n'en ai pas envie. Mais il le faut.
Ils m'ont dit qu'il le fallait et après... ils arrêteront de me faire du mal... À moi aussi.

« Tu le feras encore. »

Je bondis sur mes pieds avant d'être assailli par un vertige qui rend mes pas chancelants.
Je tourne le dos à ce reflet qui essaie de me faire peur, de me faire douter.

- Plus jamais, je souffle.

Un bruit déchire le calme revenu dans l'ancienne usine.
Je suis presque sûr qu'il ne vient pas de moi.

« Tue-la. »

Des éclats de voix résonnent dans l'entrepôt désaffecté où je me trouve. Je vois rapidement la pauve forme tapie dans l'ombre. Elle contemple son propre reflet dans une vieille vitre en plexyglas qui semble la terrifier. Cette forme est humaine... Un humain, ou deux. Je sens deux personnalités se débattre dans ce qui reste de son corps: une misérable loque. Méprisante, je m'approche alors. Je suis suffisamment curieuse pour vouloir en savoir plus sur la nature humaine.

Du temps de ma vie, je n'ai jamais rencontré de personnes comme lui. Mon monde se résumait à ma famille, un vieil appartement pourri, et bien sûr, la cuisine. Cette fameuse pièce dans laquelle je vivais presque. Je nettoyais, astiquais tout. Je préparais les plats, les servait. Si seulement mon rôle s'était limité à cela. Mais il avait fallu que cette pièce soit le témoin de mon calvaire long de treize ans. Tout m'était tombé dessus, dans les deux sens du terme. Les poings de mon père et les casseroles n'avaient plus de secret pour moi. Toutes les violences possibles et imaginables, je les avais subies maintes fois. Mais jamais je n'étais arrivée au stade où la douleur physique et morale est si forte qu'on en devient fou. Jamais. Je suis morte avant, ainsi que le salaud qui me servait de père.

Et voir cet homme devant moi, réduit à moins que rien, éveille ma curiosité. Je veux en savoir plus sur la nature humaine. Quelles atrocité at-il pu subir ? A quelle fréquence ? Tout ceci m'intéresse. Je dois le savoir, c'est vital pour moi. Pour apprendre. Il semble dévoré entre un ordre et un autre. Je ne sais quoi penser de lui. Il ne m'apprendra probablement rien. Trop dingue pour pouvoir me renseigner. Je dois le tuer: dommage, il m'aurait été utile... Il se retourne soudainement vers moi. Je comprends à travers ses grands yeux malades qu'il me voit. Ma voix s'élève alors. Un air que Lilly m'a appris...

- Un petit nègre se retrouva tout ésseulé

Se pendre il s'en est allé

N'en resta plus.... du tout

Inutile de poursuivre. Le message est clair. J'entends alors un grand fracas derrière moi. Changement de programme...

Elle

_ Encore en train de persécuter les gens hein?

Je me retourne dans un sursaut pour faire face à une des ses erreurs... un fantôme.

« Ses erreurs... »

Je ne l'avais jamais vu celle-là, pourquoi mon imagination se jouait-elle de moi encore ?
Elle n'existe pas, je le sais, je le sens mais pourtant...
Le spectre de la jeune femme s'approche de moi, son semblant de visage angélique est mué par la colère, le plaisir aussi...

- Un petit nègre se retrouva tout esseulé

Se pendre il s'en est allé

N'en resta plus.... du tout

Elle n'ajoute rien. Mon imaginaire n'est plus ce qu'il était.

« Tue-la Liam. Avant qu'elle ne s'en prenne à nous. »

Je ne vais pas tuer une enfant, elle est trop jeune, elle ne sait pas.
Qu'elle s'en aille, qu'elle me laisse... je ne veux pas.
Elle réduit l'espace qui nous sépare, je me contente de la dévisager.
Elle ne sait pas.

« Il te suffit d'un mot... »

Un bruit sourd résonne dans la pièce avant qu'une voix ne s'élève, assurée.

_ Encore en train de persécuter les gens hein?

Je connais. Je la connais. Je sais.
La seule que mon esprit a inventé pour mon bien, un cadeau.
Un ange.

« Elle ne te sauvera pas cette fois. »

Je hoche frénétiquement la tête et mes mains furieuses s'accrochent à mes cheveux dont j'arrache quelques mèches. Je veux qu'elle se taise.
Mon regard s'envole de mes mains tremblantes jusqu'à elle.

- Sarah !

Je me lève d'un bond, soudainement moins vertigineux mais le fantôme imaginaire me devance et se tourne vers mon ange gardien. Ma Sarah.

» A taaaaaaaaaable [ PV Misha ]
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» { BOUH ! } - Misha Stanford