{ La mort nuit gravement à la santé } - Gary Martins

Cela fait trois jours que je n'avais pas eu de nouvelles de Maxxie. Ou plutôt que je n'avais pas pu le suivre. Et voilà que je le croise il y a moins d'une heure. Intéressant... Mais une fois de plus, j'ai perdu sa trace. Je ne comprends pas comment. Peut-être m'a-t-il repérée... Non, impossible.
Quoi qu'il en soit, cela ne change rien à mon problème. je flotte au-dessus d'une benne à ordures dégageant une odeur probablement infâme. Une chance que je ne la sente pas... Si la nuit présente toujours ses avantages, le jour m'exaspère. La nuit est glacée, humide, puante. Le jour est chaud... Plus jamais je ne sentirai certains sensations, comme le soleil sur ma peau, le vent qui se perd dans mes cheveux. Mais dans le domaine de la nuit, la mort est une bénédiction.
Voilà qu'une pauvre âme s'engage dans la ruelle. Une silhouette frêle et petite, courant à perdre haleine sur les pavés sales. Elle se retourne. La peur se lit sur son visage. Pathétique. Je ne bouge même pas. Mais mon regard est alors attiré par quelqu'un d'autre. Un homme de grande taille, imposant, marchant tranquillement à la suite de la jeune fille. Un cri résonne: la ruelle est une impasse. Elle est piégée.
L'homme s'approche vers elle, et la met à terre, avant de lui donner des coups de pied. J'entends d'ici les os craquer. cela ne se passe pas comme je m'y attendais. Etrangement, des souvenirs enfouis remontent à la surface. ce n'est plus une étrangère dans la ruelle, c'est moi. Moi qui me fait battre. Moi qui demande vengeance. Inconsciemment, je réagis. Je me plante, invisible, devant l'homme. Une seconde après, il est mort. Son coeur a "mystérieusement" lâché... Un paquet de clopes dépasse de sa poche. "Fumer nuit gravement à la santé". J'éclate de rire: la mort aussi, peut nuire à la santé...
Sans se douter de la raison qui l'a sauvée, la fille s'enfuit. Bon débarras. Je n'en reviens pas. Pourquoi ai-je fait ça ? Le visage de Maxxie s'impose à moi. Maxxie, le séduisant et fascinant esprit. Du côté du bien. Mais c'est impossible. Impossible qu'il réussisse à m'influencer, surtout sans même le savoir. Un bruit de chute me fait réagir. La jeune fille vient de foncer contre un autre homme, avant de se relever et de partir en courant. L'homme, quant à lui, s'aventure dans la ruelle, sans jeter un regard vers moi. De toute façon, il ne pourrait pas me voir...
D'ici quelques instants, il verra le corps. Je me place derrière lui. Il est très jeune, semble manquer de confiance en lui. Il pourrait être amusant de le dresser... Soudain, il recule précipitamment, et tombe au sol. Cadavre découvert... J'ai presque pitié de lui. Presque...

Gary s'engageait dans une ruelle plutôt sombre, à la recherche d'un abri pour la nuit. Mais elle n'était pas très engageante, surtout avec les poubelles qui puaient à 300 mètres à la ronde. Tant pis, là, au moins, il ne se ferait pas déranger par les humains "normaux" que l'ont croisait dans les rues bien eclairées. Il n'avait pas fait quelque pas qu'une jeune fille fonça sur lui et le bouscula, en tombant au sol. Gary s'excusa platement et voulu l'aider à se relever mais elle avait l'air terrifiée et repartit en courant. Il regarda sa silhouette s'éloigner, il ne comprenait pas vraiment ce qu'il venait de se passer. Au final, il haussa les épaules, et reprit son chemin. Il s'enfonça plus dans la ruelle, les mains dans les poches, quand il discerna une ombre étendue sur le sol. Il s'approcha pour mieux la discerner, puis finalement, tomba de surprise devant le cadavre...

- Oh... Merde !

Il le fixa un moment, immobile. Il n'y avait pas de sang, pas de blessures apparentes... Rien de bien effrayant. Mais il devait vite deguérpir d'ici avant qu'on ne le voie. Il déglutit bruyamment, puis tenta de se relever. Il tremblait sur ses jambes, mais il essayait de garder son sang-froid tant bien que mal. Puis, il se retourna, prêt à repartir, quand il se retrouva face avec une jeune femme brune. Son regard fit la navette entre elle et le corps, puis il leva les mains, comme s'il se rendait à la police...

- C'est pas moi, j'ai rien fait !

Il se préparait à se faire passer les menottes, un nouveau film de sa vie se déroulait déjà dans sa tête : lui, en combinaison orange, nouveau souffre douleur d'une horrible prison... Il baissa la tête, et ses yeux se posèrent immédiatement sur les pieds de la jeune femme... qui se trouvait à plusieurs centimètres du sol...

- Oh... Merde !

- Oh... Merde !

Interjection des situations d'urgence. Et celle-ci a le mérite d'en être une, du moins pour ce pauvre petit humain. Je n'aurais pas mieux résumé la situation. Le mieux qu'il ait à faire est de se tirer d'ici le plus rapidement possible, quoique personne n'aurait l'idée, à part lui, de fouiner dans une ruelle puante. Les humains sont parfois étranges.

- C'est pas moi, j'ai rien fait !

Evidemment que ce n'est pas lui. Agacée, je flotte un peu plus haut dans le ciel, histoire qu'il sache qui je suis. Je le classe dans la catégorie des vampires, je ne sais pas pourquoi. L'instinct. D'avance, je me prépare à parer toute attaque éventuelle. On ne sait jamais, c'est peut-être une feinte: il a très bien remarqué ce que je suis, et s'apprête à me tuer en me faisant croire qu'il est complètement idiot.

- Oh... Merde !

Visiblement, non. Soit c'est un crétin, soit c'est la fatigue. Quoi qu'il en soit, je m'estime hors de danger pour le moment. Compatissante [ Ca te choque ? XD ], je me racle la gorge avant de répondre d'un ton lugubre:

- Bien sûr, que tu n'as rien fait. C'est moi qui l'ait tué.

Le regard de Gary continuait ses va et viens entre le cadavre et la madame flottante, essayant tant bien que mal de comprendre la situation... Mais il n'y avait rien à faire, son cerveau refusait de fonctionner, il était dans une situation plus que troublante. On ne croise pas un mort et une fille qui vole dans la même journée, à moins d'avoir autant de poisse que Gary.

- Bien sûr, que tu n'as rien fait. C'est moi qui l'ait tué.

Le jeune homme ouvrit de grands yeux ronds. Comment une femme aussi frêle pouvait lutter contre un homme si imposant ?! Puis finalement, il réalisa que si elle pouvait voler, elle pouvait sûrement faire n'importe quoi d'autre... Il se laissa tomber au sol en soufflant fort, tournant le dos au cadavre, et fouilla dans ses poches à la recherche d'une cigarette et d'un briquet. Une fois sa clope allumée, il tira dessus nerveusement, tentant vainement de se calmer.

- Putain, c'est pas mon jour ! On peut même plus dormir tranquille dans les rues maintenant... Franchement, le monde se barre en couilles...

Puis d'un coup, il eut une illumination. Lui aussi, pouvait voler. Du moins, c'est ce qu'il semblait, bien qu'il tombait presque à chaque fois. Peut-être que cette inconnue, bien qu'effrayante, pouvait lui donner la solution ! Il se releva d'un bond et la fixa avec la bouche grande ouverte, cherchant ses mots pendant un moment...

- J... J'y crois pas, tu peux faire ça ?! Tu... Tu peux décoller du sol sans te vautrer ?! P... Pourquoi ?! C... Comment ?!

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